CryptoWiki:Lumière sur/Police juive du ghetto
Template:Wikipédia:Lumière sur/Date de publicationright|150px|Police juive dans le ghetto de Varsovie, en mai 1941.
Le service d’ordre juif (Jüdischer Ordnungsdienst en allemand), ou police juive du ghetto (Jüdische Ghetto-Polizei), communément appelée police juive par les Juifs, est une unité de police mise en place dans les ghettos juifs de l’Europe sous domination nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Les services d’ordre juifs sont créés dans les ghettos à la suite des Judenräte — les conseils juifs locaux —, auxquels ils sont formellement rattachés ; ils sont dans les faits soumis aux forces allemandes, dont ils appliquent les ordres au sein des ghettos.
Dans un premier temps chargés pour l’essentiel de tâches bénéficiant aux habitants des ghettos (gestion de la circulation, règlement des conflits, surveillance de l’hygiène publique, etc.), ils se voient progressivement confier la responsabilité de mettre en œuvre le travail forcé, de confisquer les biens des Juifs et de surveiller l’enceinte des ghettos, désormais séparés du reste de la ville. Dans ce cadre, corruption et extorsions sont omniprésentes, si bien que les polices juives sont rapidement perçues avec hostilité par la population.
L’année 1942, durant laquelle les déportations vers les centres d’extermination se multiplient dans le cadre de la Shoah, marque un tournant pour les polices juives : sous les ordres des nazis, les agents du Jüdischer Ordnungsdienst participent aux rafles et aux déportations, souvent en échange de la promesse d’avoir, ainsi que leur famille, la vie sauve. Néanmoins, la liquidation des ghettos, jusqu’en 1944, est suivie de celle des polices juives : pour la plupart, leurs membres sont in fine exécutés sur place ou déportés, comme les autres Juifs.
Si les services d’ordre juifs ont très majoritairement participé aux exactions et aux déportations, quelques-uns ont collectivement refusé d’y participer, certains policiers ont démissionné, ont aidé leurs pairs juifs, voire ont rejoint la résistance, souvent au prix de leur vie.
À l’issue de la guerre, les services d’ordre juifs sont haïs par les survivants de la Shoah pour leur participation aux déportations. Certains de leurs membres — et dans une moindre mesure des conseillers juifs locaux — encore vivants sont convoqués devant des tribunaux d’honneur juifs organisés en Europe. Les polices juives sont dans un premier temps dépeintes comme coupables de collaboration avec les nazis. Le regard ultérieur des historiens, en particulier à partir des années 1990, est davantage nuancé ; ils s’attachent moins à les qualifier moralement (victimes, coupables ou dans une zone grise) qu’à comprendre et décrire leur réalité, ainsi que la dégradation morale à l’œuvre en leur sein.